- Drôle de Pied -
Avant-propos :
Le corps atteint d’une anomalie bouscule l’idée de ce que nous appelons la normalité. Dans une société où la norme sociale est un des aspect prépondérant, le corps est le lieu de notre identité personnelle. Nous nous identifions constamment aux autres, c’est ce qui nous construit. C’est cette identification qui nous incite à redonner une apparence « humaine » aux conceptions mécaniques actuelle, tel que la prothèse. Comme pour donner l’illusion de l’effacement du handicap. Face à la différence, on rééduque, réadapte, répare comme pour tenter de fuir le corps infirme. Donner une telle réponse matérielle renvoie à l’idée de notre propre fragilité, à la faiblesse de notre propre corps humain. Drôle de Pied, c’est l’atteinte à l’image d’un corps valide suite à un accident domestique. C’est la lutte d’un corps à la recherche de sa nouvelle identité physique.
« Je m’appelle Jean Pascal. Cette histoire commence le jour de mon anniversaire, en 2009 où je me blesse en manipulant une tronçonneuse, et où j’envoie promener dans l’herbe quelques orteils et un bout du pied. »
« On a cherché à appareiller, soit au moyen d’une chaussure orthopédique, soit au moyen d’un appareil à lame dynamique, c’est-à-dire avec une lame en carbone dans emboîture rigide pour essayer de redonner à la marche un peu de dynamisme, ce que l’on a jamais réussi à obtenir.
Ce qui engendrait une marche avec beaucoup de boiterie et qui était inacceptable sur le long terme. »






« ATCT, ce sont les abréviations de arthrodèses tibio calcanéennes avec talectomie. Qui consiste à utiliser le calcanéum, c’est-à-dire le talon, que l’on vient fixer à l’extrémité du tibia. »






« Après deux ans d’essai de toutes natures, j’ai finis par retourner voir les chirurgiens, pour une troisième amputation, à la moitié du tibia afin de créer suffisamment d’espace pour pouvoir appareiller. »



« Certains amputés appellent leurs prothèses « Maguie » ou « ma guibole », je n’y arrive pas, pour moi ça reste une prothèse donc un prolongateur. »
« Ma prothèse idéale, c’est une prothèse qui fasse tout, qui fasse la vie quotidienne, qui fasse les différents types de loisirs, une prothèse qui soit avec une emboiture parfaite, donc qui ne fait jamais de mal, et sur laquelle on puisse changer ce qu’on appelle l’effecteur terminal, soit un pied pour marcher, soit une palme pour nager, ou une lame d’athlétisme pour courir, l’idéal c’est la prothèse qui remplace le pied, donc qui soit aussi adaptatives aux différentes situations que l’est un pied naturel. Une prothèse couteau suisse en somme! »